À surveiller en 2021 : la station spatiale chinoise Tiangong
Après deux prototypes et une dizaine d’années de répétition, l’Agence spatiale nationale chinoise (CNSA) lancera en 2021 le premier module de sa station spatiale Tiangong. Le module principal Tianhe partira à bord de la fusée Longue Marche 5B. Ce lancement sera suivi de 10 autres missions, dont 4 seront habitées, afin de compléter la station spatiale d’ici 2022. Lorsque l’assemblage sera terminé, la station aura environ le cinquième de la taille de la Station spatiale internationale (ISS), soit une taille qui s’apparente à celle de l’ancienne station spatiale russe Mir.
L’ambitieux projet débutera par le lancement du module Tianhe, qui mesure près de 17 mètres de long sur 4 mètres de large, pour un poids de 25 tonnes. On y retrouvera les quartiers de vie des astronautes, les systèmes de survie, les installations électriques et des propulseurs. Les missions subséquentes ajouteront deux laboratoires au module principal, afin de former le complexe Tiangong (Palais céleste). Celui-ci devrait être opérationnel pendant 15 ans.
Afin de préparer la mission Tiangong, la CNSA avait lancé les prototypes Tiangong-1 en 2011 et Tiangong-2 en 2016. Toutes deux ont été visitées par des astronautes chinois lors de missions à bord du vaisseau Shenzhou. La station Tiangong-1 est entrée dans l’atmosphère en 2018 à la suite, selon la rumeur, d’une perte de communication des équipes au sol avec l’engin spatial. Tiangong-2, tant qu’à elle, est redescendue à la date prévue en 2019. Avec ses 18 tonnes, elle est devenue le plus gros débris spatial tombé sur Terre depuis 30 ans !
Au moins 17 pays auraient manifesté leur intérêt à collaborer au projet de la CNSA. Jim Bridenstine, administrateur de la NASA, est inquiet d’une telle éventualité. Les États-Unis ne désirent pas construire une nouvelle station spatiale après que l’ISS aie terminé sa vie utile en 2030. Or, elle se fie à des partenariats public-privés auprès de plusieurs compagnies et nations afin d’assurer une présence humaine permanente dans l’espace. L’Agence spatiale américaine craint que ses partenaires ne la laissent tomber au profit du projet de la CNSA.
La NASA doit certainement sentir de la pression ailleurs qu’en orbite terrestre puisque l’ambition de la Chine vise également les missions interplanétaires. Depuis plusieurs années, la CNSA cumule les succès sur la Lune. Tout dernièrement, en décembre dernier, la mission Chang’e 5 a permis de rapporter sur Terre des échantillons prélevés sur le sol lunaire. Cette précieuse cargaison est la première du genre depuis la mission soviétique Luna 24 en 1976.
Pour ajouter à la compétition, en février 2021, la mission Tianwen-1 arrivera en orbite de la planète Mars. Vers le mois d’avril, l’atterrisseur et le rover devraient se poser afin d’explorer la plaine Utopia Planitia. Le rover transportera plusieurs instruments scientifiques, dont un radar très puissant qui pourra sonder à 100 m de profondeur. L’objectif de la mission est l’étude de la géologie et du climat de Mars. Du point de vue de l’exploration spatiale, une mission réussie pourrait bien mener à une nouvelle course à l’espace. En effet, la Chine vise un retour d’échantillon de la planète rouge vers 2028-2030, en même temps que le projet conjoint NASA-ESA. Les avancées de l’agence spatiale chinoise ne sont certainement pas à négliger et continueront de nous tenir en haleine toute l’année.
Photo : CASC / China Manned Space Engineering Office
Sources :
https://phys.org/news/2020-09-nasa-chief-congress-chinese-space.html
https://abcnews.go.com/Technology/wireStory/china-plans-complete-space-station-2022-70526967
https://www.space.com/china-selects-new-astronauts-for-space-station
https://www.space.com/china-space-station-core-module-launch-spring-2021
https://spaceflightnow.com/2021/01/10/china-to-begin-construction-of-space-station-this-year/